Comment gérer une entreprise en hypercroissance ?

RÉSUMÉ
De l’idée au produit, du recrutement à l’autonomisation des collaborateurs, de l’implantation nationale au déploiement à l’international, le parcours de l’entrepreneur est fait de brusques accélérations et d’obstacles à franchir.
La condition de la réussite : une capacité à réinventer constamment le modèle pour l’adapter aux exigences de l’hypercroissance. La preuve par l’exemple de Frédéric Mazzella à travers l’aventure BlaBlaCar.
L’IDÉE QUI SCALE DÈS LE DÉPART
Tout le monde connaît l’histoire à l’origine du concept de BlaBlaCar : celle d’un voyageur qui fait beaucoup de route et pas mal d’autostop, se retrouve sans place de train la veille de Noël et qui, depuis la voiture de sa sœur venue le chercher, voit à la fois des trains bondés et des voitures vides. L’idée d’un service universel répertoriant toutes les places de voitures disponibles pour voyager autrement est née !
Frédéric avait beaucoup d’autres idées business à l’époque. Pourtant c’est celle-ci qui s’impose à lui et l’empêche de dormir pendant 72h. Le sentiment d’avoir LA bonne idée procède d’un constat : toutes les technologies étaient disponibles pour créer un produit qui révolutionne le transport, depuis les bases de données massives, la connectivité et les search engines, jusqu’à l’essor d’internet.
“Je me disais que si ce truc existait, je le saurais, je serais tombé dessus parce que je voyageais beaucoup” se dit alors Frédéric. L’étude de marché qu’il réalise ensuite confirme le potentiel de la bonne idée basée sur son intuition “user centric” de grand voyageur.
L’idée de créer un site de covoiturage tout le monde peut l’avoir. Frédéric a su la développer et l’amener jusqu’à créer Blablacar, aujourd’hui une des licornes françaises.
LA PUGNACITÉ
Le passage obligé de tout entrepreneur, à ses débuts, est de créer le premier produit, trouver ses clients (pas forcément ceux ciblés au départ), satisfaire une demande et faire vivre l’entreprise. Les premières années, Frédéric et Francis Nappez, son co-fondateur, construisent essentiellement des plateformes B2B. Ce sont ces services dédiés aux entreprises qui permettent de recruter et de payer les premiers salaires. La tentation de se concentrer sur la vente du service aux entreprises est forte mais la vision plus globale d’un service C2C demeure le but principal. L’objectif : rendre le covoiturage accessible à tous, adresser le C2C et créer une communauté de “covoitureurs”.
En parallèle, la plateforme BtoC continue donc d’être développée et améliorée. Frédéric et ses équipes multiplient les demandes d’interview, les contacts avec les webmasters de tous les sites pour insérer leurs urls, ne lâchant rien sur leur vision.
C’est une époque grisante mais difficile, car les résultats peinent à arriver et les utilisateurs ne représentent qu’une petite communauté ciblée. Même si les proches de Frédéric commencent à s’inquiéter sans le lui dire, même si Frédéric lui-même doute, son entourage continue à le soutenir.
C’est alors qu’arrive l’opportunité à ne pas manquer : une grève de la SNCF ! Hèlène, soeur de Frédéric et pro de la comm, suggère de faire un communiqué de presse expliquant que “pendant la grève, Blablacar ne fait pas grève.” Les demandes s’affolent. Le site explose et l’enjeu est de tenir le cap, en commencant par renforcer les routeurs en hébergement partagé à 9,99€ … Pour l’anecdote, les volumes générés par le jeune service de covoiturage gênaient les autres sites partageant le même serveur, au point que BlaBlaCar s’est souvent vu menacé de coupure par son hébergeur ! Il a fallu passer rapidement à des serveurs dédiés.
LA COMMUNICATION, GARANTE DU RESPECT MUTUEL DES SALARIÉS
Quand Frédéric a eu l’idée de BlaBlaCar, il savait que le service allait devenir universel puisque tout le monde pourrait l’utiliser, et qu’il faudrait forcément une structure en conséquence.
En revanche, il n’avait pas anticipé qu’une telle équipe était nécessaire pour gérer ce service : en terme de tailles, de diversité de métiers, de communication avec les membres, de travail permanent sur le produit, de serveurs… “Les gens ne comprennent pas que l’on soit 500” souligne-t-il. Aujourd’hui, BlaBlaCar s’appuie sur des centaines de serveurs, plus de 100 ingénieurs, 30 personnes dédiées au produit, 120 personnes à l’équipe “Member relation”, 130 en marketing et communication, répartis dans une vingtaine de pays.
Pour Frédéric, le plus grand risque d’une boîte en croissance est que les départements ne se respectent plus. Cela arrive assez rapidement, en fait dès que les différents départements (Tech versus Marketing vs Admin etc) … ne sont plus amenés à échanger. Il devient alors indispensable de créer des moments de rencontre.
Pour prévenir ce risque, plusieurs initiatives ont été mises en place :
– Les Blabla Talks : tous les mercredis sans exception, pendant 3/4 d’heure, 3 à 6 membres d’une équipe présentent les projets réalisés et ceux sur lesquels ils travaillent. Chaque équipe fait au moins un Blabla Talk dans l’année, en présence des cofondateurs et de l’ensemble des collaborateurs car y assister n’est pas une option ! Un “live streaming” permet aux bureaux des autres pays de suivre en direct la présentation, qui se fait en anglais. Un impératif chez Blablacar, dont les 500 collaborateurs sont de 35 nationalités différentes.
Il est important que le “head of” du département concerné ne soit pas le seul engagé dans cette présentation. Expliquer ce que l’on fait, s’engager sur un projet puis rendre des comptes devant l’ensemble des collaborateurs – et pas seulement vis-à-vis d’un supérieur – permet à chacun de se responsabiliser et démultiplie l’implication.
Le fait que tous les employés interviennent a cependant posé la question de la capacité de chacun à communiquer en public. Dans les faits, cette prise de parole par tous a provoqué beaucoup d’empathie et de respect. Une formatrice de l’INSEAD est tout de même venue pendant plusieurs années tous les mardis soirs pour coacher les collaborateurs sur la confiance en soi, la fluidité de présentation et l’anglais. Un bon moyen de s’assurer que les présentations restent vivantes et attractives.
Ces Talks ont 3 vertus :
– L’identification des personnes et de leur métier : on sait qui fait quoi. Dans une société qui grandit, il est important pour chacun de savoir à qui il/elle peut s’adresser sur chaque problématique.
– L’implication : présenter son travail, passé et futur, devant ses collègues, est engageant vis-à-vis de ceux-ci. L’exercice, face à un public forcément intéressé, est également très valorisant.
– Le respect et la motivation : savoir sur quels sujets chacun travaille est source de respect entre les équipes. Comprendre que l’entreprise est constituée de personnes complémentaires, qui agissent sur différents niveaux et métiers est non seulement motivant, mais donne aussi l’envie de se dépasser dans son domaine d’expertise.
BlaBlaCar a mis en place d’autres dispositifs pour favoriser l’implication et la coordination des équipes internationales, ainsi que le travail à distance :
– Toutes les 6 à 8 semaines, une “International Week” réunit tous les pays (1 ou 2 personnes de chaque pays viennent à Paris).
– 100% du staff étranger vient à Paris 1 fois par an, voire 2.
– BlaBlaCar organise chaque année un séminaire off-site (le BlaBlaBreak).
– Tous les bureaux sont équipés de solutions de video-conferencing Lifesize pour faciliter les réunions à distance. L’investissement est important, mais c’est la condition d’une bonne synchronisation. Cela évite de surcroît de nombreux déplacements coûteux en temps, en argent et en énergie quand une boîte devient internationale.
LES VALEURS, UNE AIDE À LA DÉCISION
La co-création est, sans conteste, le moyen le plus efficace pour provoquer l’implication et l’adhésion des nouvelles générations. C’est pourquoi, afin que l’entreprise toute entière – et pas seulement la direction – se reconnaisse dans les valeurs de BlaBlaCar, leur définition résulte d’un process de co-création.
En mars 2013, lors du premier séminaire annuel avec les 60 collaborateurs, les équipes ont défini ensemble les 10 valeurs de l’entreprise, avec l’aide d’un consultant externe. Aujourd’hui, celles-ci sont devenues une référence pour tous. Plus efficaces que les procédures, elles guident aussi bien le recrutement que le job de chacun au quotidien. “Lorsqu’une entreprise grossit vite, les salariés doivent souvent prendre des décisions. Or, ils ne peuvent pas solliciter en permanence les managers, et encore moins les fondateurs” explique Frédéric. Les valeurs de l’entreprise servent alors de repères, facilitant les prises de décisions et responsabilisant le salarié car la décision vient de lui. Une conception très américaine, issue des trois années que Frédéric a passées à Stanford.
L’étape suivante, pour que les valeurs soient bien intégrées, c’est de leur donner vie en les matérialisant. Les valeurs sont écrites sous forme de slogans affichés partout dans l’entreprise. Le fait de les voir quotidiennement rappelle en permanence les objectifs des équipes. Cela a permis à chacun de s’approprier les valeurs qui lui correspondent et résonnent le mieux avec son métier.
LA MOTIVATION, FACTEUR CLÉ DU RECRUTEMENT
Les valeurs, l’installation d’un certain nombre de règles, de KPIs à suivre, d’un contrat moral avec les salariés est important en termes de RH. Cela permet de définir le cadre… et de recadrer ! Les missions de chacun dans l’entreprise doivent donc être bien définies. Cela passe par exemple par la rédaction de fiches de poste explicites pour les recrutements.
Car le recrutement est sûrement le sujet le plus délicat et le plus fondamental dans la croissance d’une entreprise. Si les compétences sont bien sûr essentielles, ce qui compte par dessus tout en démarrage de projet est la motivation réelle pour l’activité : c’est elle qui permet d’être agile, une donnée clef lorsque l’on cherche son Product-Market fit. Car un collaborateur motivé peut toujours apprendre ce qui sera nécessaire à la réussite du projet…
Mais juger quelqu’un sur une heure d’entretien et déterminer s’il a les compétences requises pour le poste et si l’on va réussir à travailler efficacement ensemble, est une vraie gageure. Parfois la réponse est claire, mais cela reste souvent compliqué. Il faut certes laisser parler son instinct et savoir évaluer très précisément les compétences du candidat en fonction du poste, mais il y a aussi quelques réflexes de recrutement à mettre en place. C’est pourquoi, au fil des années, les équipes de BlaBlaCar ont défini différentes formes de tests qui aujourd’hui permettent à l’entreprise de recruter les meilleurs candidats et de traiter les milliers de candidatures reçues chaque mois.
Par exemple, obtenir des références auprès des anciens employeurs est important, et ce, le plus tôt possible dans le process. La démarche doit être faite en coordination avec le candidat, selon qu’il a ou non prévenu son employeur actuel de ses démarches. Il est par ailleurs toujours utile de faire une recherche préalable sur internet à propos d’un candidat : cela donne plus de matière pour l’entretien.
Autre process de recrutement très efficace : faire appel au réseau des collaborateurs. Le talent et la compétence recherchés sont peut-être tout proches. Inciter les collaborateurs à suggérer d’anciens collègues et même à donner leur avis, représente une économie précieuse de temps de recherche. C’est également un excellent moyen de qualifier très tôt le cultural-fit et les compétences de la personne.
LE PRODUIT, TOUJOURS LE PRODUIT !
Aujourd’hui, Frédéric Mazzella reste obsédé par le produit, qu’il continue à gérer en propre. Il est encore très présent auprès des équipes et suit les KPIs de près. Le secret : il reste un utilisateur fidèle du service, car c’est en étant le client le plus exigeant que l’on améliore son produit.
Pour continuer à faire évoluer le produit en fonction des besoins des utilisateurs, BlaBlaCar a d’ailleurs mis en place une équipe “Member Voice”, à mi-chemin entre l’équipe Member Relations (Customer Support) et l’équipe Produit. Cela permet de synthétiser et remonter tous les besoins identifiés par la communauté des utilisateurs.
C’est d’autant plus fondamental que la marque va de pair avec le produit. Aujourd’hui, c’est elle qui inspire la confiance, c’est pourquoi il faut rester très attentif à son évolution. C’est pour cette raison que Frédéric passe beaucoup de temps à travailler la marque en interne et en externe.
LE RÔLE DU FONDATEUR CHANGE AVEC LA CROISSANCE DE L’ENTREPRISE
L’important lorsque la société est en pleine croissance est de savoir déléguer. Il faut savoir dire “je ne sais pas comment y aller, mais je sais où on va aller”. Ainsi, les gens se responsabilisent sur le “comment”, ils se disent que c’est à eux de le trouver. Cela demande de l’humilité de la part du fondateur bien sûr et justement de recruter des collaborateurs ambitieux dotés d’un esprit entrepreneurial fort.
“Aujourd’hui, mon rôle évolue : je me concentre sur le “Quoi”, le “Pourquoi” et sur la Direction. Je ne travaille plus sur le “Comment” conclut Frédéric.
Pour finir, voici une vidéo de recrutement de BlaBlaCar qui résume parfaitement la culture de l’entreprise, un des piliers du développement de cette licorne française, et qui fait qu’aujourd’hui les jeunes diplômés des grandes écoles préfèrent BlaBlaCar à Procter & Gamble.
Introduction
Des repères clairs dans un contexte incertain
25e centile
25 % des fondateurs sont moins payés que ce seuil
50e centile
Il y a autant de gens au-dessus et en dessous de ce seuil
75e centile
Seuls 25 % gagnent plus que ce niveau
L’édition 2026 repose sur 200 CEO répondants, dont 16 % de femmes. Ce panel nous permet de dresser un état des lieux précis et utile de la rémunération dans l’écosystème tech français.
médiane des salaires bruts fixes des CEO (stable par rapport à 2024)
d’écart de salaires entre les CEO femmes et les CEO hommes
d’augmentation de la médiane du salaire des femmes (vs 0% pour les hommes)
de notre échantillon ont fait un cash-out partiel
n’ont pas d’assurance chômage
I. Vers un nouvel équilibre
Vers un nouvel équilibre : Les salaires se normalisent et la parité avance
Avant de plonger dans les chiffres des CEO, il est intéressant de les comparer au global avec ceux des autres fonctions fondatrices (CPO, CTO, COO…).
La médiane des salaires des CEO est désormais 20 % plus élevée que celle des autres C-level, contre 12 % lors de la précédente édition d’il y a 2 ans.
Ce différentiel croissant ne traduit pas une hausse des rémunérations des CEO, mais plutôt un repli marqué de celles des autres dirigeants, revenus à leur niveau de 2021.
Comment expliquer ce repli relatif ? Divers facteurs peuvent être à l’œuvre :
Un recentrage du pouvoir économique autour du CEO.
En période d’incertitude, la gouvernance se resserre naturellement. Le CEO devient le garant de la continuité, face aux investisseurs, aux équipes, au cash. Cette centralisation du risque se traduit souvent par une rémunération légèrement supérieure, assumée comme une reconnaissance de la charge et de la responsabilité accrues.
Un effet mécanique du “réalisme économique”.
La discipline financière revenue depuis 2023 conduit à aligner la rémunération sur le périmètre réel de chaque rôle. Dans les premières années, les packages étaient souvent égalitaires par principe. Désormais, les équipes se réorganisent : les CPO ou CTO se concentrent sur l’exécution produit ou tech, pendant que le CEO absorbe davantage de fonctions transverses, levées, trésorerie, RH, conformité.
Une hiérarchie de risque plus visible qu’avant.
Les fondateurs restent solidaires, mais l’écart de rémunération reflète plus clairement le niveau d’exposition individuelle et, sans doute, le pouvoir de négociation avec les investisseurs financiers.
Salaire annuel des CEO fondateurs
Salaire annuel brut fixe des CEO fondateurs
Évolution par centile entre 2024 et 2026 (en milliers d'euros)
On constate que la médiane reste figée à 120 K€, exactement comme il y a deux ans.
Autrement dit : le plafond ne bouge plus, mais le plancher monte.
Le vrai signal est là : le 25ᵉ centile progresse de 20 %, passant de 85 à 100 K€. Les fondateurs les moins rémunérés comblent peu à peu l’écart, signe d’une base plus saine et mieux structurée.
C’est une évolution silencieuse, mais importante : le marché se normalise par le bas.
En haut du spectre, rien ne bouge. Le 75ᵉ centile reste stable à 150 K€, preuve que les rémunérations les plus élevées ont atteint un plafond de soutenabilité, les boards et les cashflows ne laissent plus de marge pour tirer plus haut.
Au final, le niveau moyen se consolide, sans flambée ni repli. Une photographie fidèle de l’époque : moins d’excès, plus d’équilibre.
Salaire annuel brut cible OTE
Le variable revient dans le jeu
41%
41% des CEO complètent leur salaire avec un bonus (vs 38% en 2024)
Mais derrière cette moyenne, les écarts sont nets : plus le salaire est élevé, plus la part variable compte.
Chez les CEO les mieux rémunérés, le bonus peut représenter jusqu’à 20 à 30 % du total, quand les niveaux inférieurs restent presque exclusivement en fixe. C’est logique : les packages plus hauts s’accompagnent d’objectifs précis et d’un reporting financier plus structuré.
Autrement dit, le marché se rééquilibre. Moins de surenchère en haut, plus de reconnaissance en bas.
Et surtout, une rémunération plus étroitement liée à la performance réelle, signe d’un écosystème qui a intégré les nouveaux standards de rigueur.
Salaire annuel brut cible OTE
Évolution par centile entre 2024 et 2026 (en milliers d'euros)
Côté BSPCE, leur usage recule légèrement : 31 % des fondateurs en bénéficient cette année, contre 37 % lors de la précédente édition. Une baisse sans surprise, liée aux dernières évolutions de la loi de finances, qui ont rendu le dispositif plus complexe et moins attractif fiscalement.
Les BSPCE demeurent la principale forme de rémunération complémentaire au salaire pour les dirigeants. Cela dit, leur impact reste relativement faible sur le patrimoine global des fondateurs :
sauf cas de recapitalisation entraînant une forte relution, les BSPCE pèsent peu face à la valeur directe des actions fondatrices. Autrement dit : utile à la marge, symbolique sur le plan de l’alignement, mais rarement décisif économiquement pour les fondateurs.
Salaire des CEO fondateurs en fonction des fonds levés
Les salaires progressent surtout en bas de l’échelle et sur les levées intermédiaires :
Salaire annuel brut fixe en fonction des fonds levés
Sélectionner une tranche de levée de fonds
Cette édition confirme un resserrement des écarts entre les fondateurs selon le montant levé.
Les rémunérations progressent presque partout, mais pas de manière linéaire.
Sous les 5 M€ levés : Forte progression
La médiane grimpe de 84 K€ à 100 K€, et le 75ᵉ centile atteint 130 K€. C’est la catégorie où les salaires augmentent le plus. → Signe que les jeunes boîtes se structurent mieux et que les fondateurs s’autorisent enfin une rémunération plus soutenable.
Entre 5 et 20 M€ : Stabilité
La médiane reste à 120 K€, quasiment inchangée, tandis que le haut du spectre plafonne.
→ Cette tranche, souvent en phase de scale-up, semble avoir atteint un point d’équilibre économique :
ni flambée, ni repli.
Entre 20 et 50 M€ : Progression mesurée
La médiane passe de 150 à 140 K€ (légère correction) mais le 75ᵉ monte à 184 K€.
→ Les CEO de cette catégorie ajustent davantage leur rémunération à la performance réelle qu’à la taille de la levée.
Entre 50 et 100 M€ : Envolée du bas de grille
Le 25ᵉ centile bondit de 100 à 170 K€, un saut spectaculaire.
→ Cela reflète un rattrapage post-série B/C, où les fondateurs se réalignent sur le niveau de responsabilité et de pression associé à ces levées importantes.
Au-delà de 100 M€ : Stabilisation en haut, légère hausse globale
Le haut du spectre continue de grimper (de 300 à 323 K€), mais la progression reste modérée.
→ Les salaires plafonnent progressivement dans ces ordres de grandeur : à ce stade, la valeur se joue ailleurs, equity, liquidité, gouvernance.
Salaire annuel brut cible OTE
Le variable reprend toute sa place, mais pas pour tout le monde
Salaire annuel brut cible OTE en fonction des fonds levés
Sélectionner une tranche de levée de fonds
L’intégration du variable (bonus inclus dans l’OTE) redessine nettement la hiérarchie des rémunérations.
Le mouvement est clair : plus la startup a levé, plus la part de variable pèse lourd.
En dessous de 20 M€ levés, les écarts restent contenus : la progression est homogène, de +5 à +15 % sur les différents centiles. Ces fondateurs se rémunèrent mieux, mais sans excès.
Le variable y joue un rôle symbolique, rarement structurant.
Autrement dit : on se paye pour tenir, pas encore pour performer.
À partir de 50 M€ levés, la courbe change brutalement de pente. Les OTE explosent : +20 à +70 % selon les centiles. Ici, le variable devient le vrai moteur de la rémunération. C’est le reflet d’une maturité de gouvernance : les fondateurs sont évalués sur des objectifs mesurables (croissance, marge, cashflow), comme leurs équipes exécutives.
En haut du tableau, au-delà de 100 M€ levés, l’effet levier est maximal : la rémunération devient un outil d’alignement avec les investisseurs, pas une question de confort. Le fixe plafonne, mais le variable, souvent adossé à la performance groupe ou à la création de valeur actionnariale, fait la différence.
En somme, le marché s’est professionnalisé. Le fixe sert à sécuriser, le variable à responsabiliser.
Et cette bascule marque une étape symbolique : la French Tech ne rémunère plus seulement la promesse, mais la performance.
Salaire des CEO fondateurs en fonction du nombre d’employés
Les petites équipes tirent le marché vers le haut
Salaire annuel brut fixe en fonction du nombre de salariés
Sélectionner une tranche de salariés
La médiane progresse nettement, portée par les plus petites structures, dont les salaires grimpent de près de 25 %.
Les startups de moins de 50 salariés mènent la danse : elles rattrapent le retard accumulé pendant les années de tension sur le cash, avec des fondateurs qui se rémunèrent désormais à un niveau plus soutenable. C’est le signe d’un écosystème qui se professionnalise, même sur les premiers stades de croissance.
À l’inverse, les boîtes plus matures (au-delà de 100 salariés) stabilisent leurs rémunérations :
les grilles sont déjà proches de leur plafond, et les hausses se limitent à des ajustements marginaux. Entre les deux, les structures intermédiaires (50 à 99 salariés) rééquilibrent leurs niveaux :
les plus bas augmentent, tandis que le haut du spectre se tasse légèrement.
Au global, la tendance est claire :
Les jeunes startups se sécurisent
Les scale-ups se disciplinent
Les grands acteurs consolident
Le marché gagne en cohérence, reflet d’une nouvelle maturité où la taille de l’équipe devient un meilleur indicateur du niveau de structuration… et de la capacité à se payer correctement.
Salaire des CEO fondateurs en fonction de la rentabilité
La rentabilité, nouveau marqueur de maturité
39%
La part de startups rentables progresse fortement, de 27 % à 39 %.
C’est un tournant : la rentabilité n’est plus un objectif lointain, c’est devenu un pilier stratégique.
Salaire annuel brut fixe en fonction de la rentabilité de la startup
Sélectionner une catégorie de rentabilité
Les chiffres le confirment : les fondateurs de startups rentables gagnent en moyenne 30 % de plus que ceux des structures déficitaires (141 K€ vs 110 K€ de médiane). Mais l’écart se réduit : il était encore de 50 % il y a deux ans. Autrement dit, le marché se rééquilibre : les boîtes non rentables se rémunèrent plus sainement, pendant que les plus matures stabilisent leurs salaires à un niveau cohérent avec leur performance réelle.
Cette convergence traduit un changement culturel profond : la French Tech entre dans une ère où la rentabilité n’est plus synonyme de prudence, mais de maturité et d’autonomie.
Les fondateurs ne courent plus après la levée suivante, ils pilotent leur trajectoire, avec des modèles plus robustes et des rémunérations plus rationnelles.
Salaire des CEO fondateurs en fonction de la situation familiale et âge.
Les jeunes fondateurs comblent enfin l’écart
Salaire annuel brut fixe en fonction du nombre d'enfants
Sélectionner une situation familiale
Les salaires progressent surtout en bas de la distribution, tandis que les niveaux les plus élevés se stabilisent, voire reculent. La majorité des répondants a entre 35 et 39 ans, une tranche devenue un repère de stabilité : les salaires y bougent peu, autour de 120 K€ de médiane.
Le vrai mouvement vient d’ailleurs : les moins de 35 ans rattrapent enfin leur retard.
Leur médiane passe de 96 à 100 K€, en hausse de 4 %, et le haut du spectre grimpe à 120 K€. C’est la première fois que cette génération se repositionne clairement dans la grille salariale, après plusieurs années de décalage avec leurs pairs plus expérimentés.
À l’inverse, les fondateurs de plus de 45 ans connaissent un léger tassement au sommet (de 220 à
177 K€ au 75e centile), reflet d’un marché plus rationnel, où les écarts d’expérience ne se traduisent plus automatiquement par un différentiel de rémunération.
En clair :
Les plus jeunes montent, portés par une professionnalisation accélérée et des structures plus solides.
Les plus âgés se stabilisent, à des niveaux déjà élevés.
Et le marché dans son ensemble devient plus homogène, plus lisible et plus juste.
L’époque où l’âge faisait le salaire s’estompe : désormais, c’est le stade de maturité du business, plus que celui du fondateur, qui détermine la rémunération.
Famille nombreuse, rémunération plus haute
Salaire annuel brut fixe en fonction du nombre d'enfants
Sélectionner une situation familiale
Les fondateurs avec trois enfants ou plus sont minoritaires, mais leur profil reste marquant :
ce sont souvent des dirigeants plus expérimentés, à la tête de structures plus matures et mieux rémunératrices.
La majorité des répondants se concentre désormais parmi les fondateurs ayant un ou
deux enfants (31 %).
L’écart de rémunération, lui, se creuse : la médiane atteint 150 K€ pour les parents de familles nombreuses, contre 100 K€ pour ceux sans enfant, soit près de 50 % de différence.
Cet écart ne traduit pas un avantage “familial”, mais un effet de maturité. Les fondateurs plus âgés, souvent installés dans des entreprises déjà rentables, captent naturellement des niveaux de rémunération supérieurs.
Autrement dit, l’expérience et la stabilité personnelle restent de puissants leviers économiques.
La progression salariale suit encore la trajectoire de vie : plus de responsabilités, plus de solidité, plus de reconnaissance.
Salaire des CEO fondatrices et fondateurs : l’écart se réduit de 36 %.
Écart hommes-femmes : un vrai rattrapage, mais encore loin du compte
Salaire annuel brut fixe CEO en fonction du genre
Évolution par centile entre 2024 et 2026 (en milliers d'euros)
L’écart de rémunération entre fondateurs et fondatrices se réduit nettement : –36 % en deux ans.
Les CEO femmes enregistrent une progression marquée à tous les niveaux : +12 % à la médiane, et jusqu’à +20 % sur le haut de la distribution.
Chez les hommes, les salaires restent globalement stables, avec une légère contraction au sommet.
Résultat : un rattrapage réel, signe d’une évolution structurelle et non d’un simple effet conjoncturel.
Salaire par genre (fonds levés < 5M)
Comparaison 2024 vs 2026 par centiles (en milliers d'euros)
Près de 70 % des fondatrices de l’échantillon ont levé moins de 5 M€. Dans cette tranche, l’écart médian tombe à 29 %, contre 36 % toutes levées confondues.
Mais la tendance s’inverse à mesure que les montants augmentent : plus la startup lève, plus l’écart se creuse.
Les fondatrices early stage atteignent désormais des niveaux de rémunération comparables à leurs homologues masculins, mais les écarts se reforment au fur et à mesure que la complexité, les responsabilités et les enjeux financiers croissent.
En clair : le mouvement est encourageant mais inachevé.
La parité progresse sur les premiers stades, mais reste encore à conquérir dans les entreprises plus matures, où le poids des habitudes et des biais continue de se faire sentir.
Salaire des CEO fondateurs : en fonction du chiffre d’affaire
Les petits revenus progressent, les gros se normalisent
Salaire annuel brut fixe en fonction du chiffre d'affaires
Comparaison 2024 vs 2026 par centiles (en milliers d'euros)
La corrélation entre chiffre d’affaires et rémunération saute aux yeux, mais la tendance mérite nuance.
Les fondateurs de startups réalisant moins d’un million d’euros enregistrent les plus fortes hausses : +25 % à la médiane et +27 % sur le haut du spectre. Leur rémunération grimpe enfin à des niveaux soutenables, après plusieurs années de sous-rémunération.
Entre 1 et 5 M€, le palier est net : les salaires se stabilisent, marquant une phase de consolidation avant une nouvelle hausse progressive au-delà de 10 M€.
À l’inverse, les structures dépassant 5 M€ de chiffre d’affaires voient leur croissance salariale ralentir, puis reculer après 10 M€ : la médiane y baisse de près de 17 %. Ce recul ne traduit pas un essoufflement, mais une forme de normalisation : les entreprises matures ont déjà atteint leur plafond de rémunération, souvent compensé par des bonus, de la liquidité ou des BSPCE.
En clair :
Les petites structures se remettent à niveau, profitant d’un contexte plus sain et d’une meilleure visibilité
Les scale-ups stabilisent, preuve d’un pilotage plus rationnel et d’une gouvernance plus mature.
Cette bascule illustre un changement de cycle : la rémunération des fondateurs n’est plus tirée par la croissance à tout prix, mais par la solidité et la soutenabilité du modèle économique.
II. Le cash-out partiel se normalise
Le cash-out partiel se normalise, reflet d’un rapport au risque plus mature
35%
35% des fondateurs ont désormais réalisé un cash-out partiel.
Stable depuis plusieurs années, cette pratique s’installe comme un équilibre sain entre ambition et sécurité. Elle permet aux founders de concrétiser une partie de la valeur créée sans attendre l’exit final.
Un tiers d’entre eux a déjà franchi le pas, et la répartition des stades d’intervention évolue.
La majorité des opérations reste concentrée après la série B (41,5 %), mais la série A recule légèrement (35 % contre 40 % auparavant), tandis que le seed double, passant de 3 % à 7 %.
Ce glissement vers des cash-outs partiels plus précoces traduit un changement profond : les fondateurs cherchent à sécuriser plus tôt, sans attendre la pleine maturité de leur startup. Ce n’est pas un signe de frilosité, mais de maturité financière. Ils arbitrent mieux entre création de valeur et gestion du risque personnel.
En clair, le cash-out partiel n’est plus tabou. Il devient un outil de gestion du parcours entrepreneurial :
un moyen de se protéger, de durer, et de continuer à construire avec lucidité.
La réussite ne se mesure plus seulement à la valorisation, mais à la solidité du chemin parcouru.
III. Une sécurité relative
Un salaire, oui. Mais une sécurité très relative.
Derrière la question du salaire des fondateurs, il y en a une autre, plus rarement posée : à quel point ce revenu est-il réellement sécurisé ? Car dans les faits, près de 70 % des fondateurs n’ont aucune assurance de protection du dirigeant (type GSC).
Ce chiffre en dit long. Il révèle un angle mort majeur dans la stratégie entrepreneuriale française.
Les fondateurs protègent leur produit, leur marque, leurs équipes, mais rarement eux-mêmes.
Et pourtant, l’expérience des dernières années l’a montré : un entrepreneur peut se retrouver en difficulté, parfois du jour au lendemain, défaut de paiement, conflit d’associés, levée avortée, ou procédure collective.
Dans ces moments-là, le “salaire” cesse d’exister du jour au lendemain, et sans couverture adaptée, la chute est brutale.
Cette sous-assurance ne traduit pas un manque d’intérêt, mais une culture du risque très ancrée :
celle de l’entrepreneur qui préfère miser sur la croissance plutôt que sur la protection. Sauf qu’à mesure que les entreprises mûrissent, cette posture devient moins tenable.
Les fondateurs ne sont plus seulement des preneurs de risque : ils sont aussi des actifs stratégiques, dont la continuité de décision, la santé et la stabilité personnelle comptent directement dans la valeur de la boîte.
Le message est clair : La protection du fondateur n’est pas un luxe, c’est un pilier de la résilience.
À mesure que l’écosystème gagne en maturité, ce sujet doit sortir du tabou.
Un fondateur protégé est un fondateur qui peut décider sereinement, arbitrer sans peur, et durer.
Le mot de l’expert Howden
Selon cette enquête, moins de 30% des dirigeants sont couverts par une assurance chômage.
Pourtant, en cas de cessation involontaire d’activité, les conséquences financières peuvent être lourdes.
Une seule solution permet réellement de sécuriser son patrimoine et son niveau de vie : la Garantie chômage du dirigeant.
Un outil encore méconnu, mais essentiel pour anticiper les aléas du parcours entrepreneurial.
Cette assurance permet de maintenir jusqu'à 80% de vos revenus et offre la sérénité nécessaire pour rebondir professionnellement.
Pourquoi souscrire ?
Préserver son niveau de vie en cas de coup dur (liquidation, révocation, perte de mandat...)
Anticiper les aléas liés à la vie de l’entreprise, même si tout va bien aujourd'hui
Compléter les dispositifs existants, certains contrats permettant un cumul sans clause d’exclusivité
Bénéficier d'une fiscalité avantageuse : les cotisations sont déductibles pour l'entreprise et les indemnités perçues sont nettes d'impôt et de charges pour les dirigeants assimilés salariés.
Quand souscrire ?
Quand l’entreprise se porte bien : les compagnies d’assurance analysent la situation financière de la société (bilans, liasses fiscales N-1 et N-2, etc.) ainsi que la cohérence du projet et peuvent refuser une demande si elle intervient dans un contexte jugé à risque.
Lors d’une levée de fonds ou d’un développement stratégique : cela renforce la crédibilité du dossier.
Dès la création de la société ou la prise de mandat : cela rassure l’assureur sur l’intention du dirigeant. Une demande faite après plusieurs années d’activité peut être perçue comme un signe d’anticipation d’un risque (par exemple la crainte d’une révocation) et compliquer l’acceptation du dossier.
Pour une start-up en croissance, il est recommandé de souscrire dès les premières phases de développement (création, levée de fonds, structuration) pour sécuriser le parcours du dirigeant tout en rassurant la compagnie d'assurance sur la solidité et la vision long terme du projet.
À noter :
L’assurance ne peut pas être souscrite à titre personnel. C’est la société qui est souscriptrice, au bénéfice du dirigeant. La cotisation est une charge pour l’entreprise et un avantage en nature pour le dirigeant.
L’indemnité est net d’impôt et de charges pour les dirigeants assimilés salariés (ex: DG/ Président de SA/ SAS)
La Garantie peut également couvrir les entreprises récemment créées, même sans Bilans (formule créateur GSC ou conditions classiques jusqu’à 80% du revenu) si nous pouvons rassurer l’assureur par exemple avec un chiffre d’affaires prévisionnel, la signature de contrats, une levée de fonds à venir etc.
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